J’sais pas comment. J’sais pas pourquoi
Pour Guylaine Tremblay, Yvon Deschamps a été une inspiration tout au long de sa vie. « Quand j’avais huit ans, j’avais déjà l’« kick » dessus, avec ses beaux yeux pétillants. Puis à chaque étape de ma croissance, et de ma compréhension de la vie, il a éveillé ma conscience sur des sujets variés de société, de couple, de relations ».
Alors qu’elle aime chanter tout en se gardant une « p’tite gêne », et qu’elle préserve une certaine pudeur à se dévoiler personnellement, voilà que Guylaine se met doublement en danger dans J’sais pas comment. J’sais pas pourquoi. Spectacle au cours duquel elle raconte les moments charnières de son existence où Yvon Deschamps a joué un rôle de soutien important par ses monologues et ses chansons, elle se livre pleinement. Accompagnée de quatre musiciens, ce rôle s’ajoute aux autres et on y découvre, une fois de plus, l’immense talent d’expression de cette comédienne d’exception.
S’investir pleinement
Demander à Guylaine Tremblay quel est le rôle le plus exaltant, le plus émouvant ou le plus demandant qu’elle ait eu à incarner est cause perdue. S’investissant dans chacun d’eux avec intensité, elle considère que chaque rôle incarné lui a permis d’évoluer personnellement, de transcender des jugements qu’elle aurait pu ressentir, de laisser tomber des tabous, et de développer du respect pour la femme qu’elle choisissait de personnifier.
« Je suis dans le moment présent du rôle, et chacun d’eux m’apporte quelque chose, me nourrit. Le rôle de Nana, la mère de Michel Tremblay, que j’ai joué au théâtre, m’a toutefois fait vivre une palette d’émotions et de transformations intérieures profondes. L’héroïne parfaite qu’elle représentait pour l’époque où elle a vécu était tellement riche », confie la comédienne.
Et qu’est-ce qui fait que Guylaine Tremblay dit « oui » à un rôle?
« Si, en lisant le scénario, je ressens l’envie de déclamer le rôle à voix haute, que je me lève et ressens le besoin de l’incarner, c’est bon signe », avoue celle qui est très sollicitée.
Vieillir à l’écran
Nous abordons inévitablement la question du vieillissement des femmes à l’écran, et la réponse qu’elle donnait à Christiane Charrette lors d’une entrevue en disait long sur ce qu’elle pensait de l’âgisme dont sont victimes les femmes de notoriété publique.
« J’ai le visage qui va avec mon âge, mais j’ai aussi l’expérience qui vient avec ça. »
Et pourquoi l’âge semble-t-il être au service de son art, puisqu’on la voit vieillir à l’écran?
« Parce que les femmes se mettent à écrire les scénarios et à les réaliser, la situation s’améliore. On change alors naturellement de casting en passant à travers les différentes phases de la vie. On joue les jeunes femmes, puis on devient la mère d’une autre, la grand-mère, et ça fait partie de la croissance humaine et du jeu. »
Femmes! À vos plumes!
Magnétique
Le phénomène qui fait que Guylaine Tremblay nous subjugue tient dans son regard, dans ses yeux noirs qui transpercent l’écran et pénètrent nos cœurs. Quel que soit le rôle qu’elle incarne et ce à quoi elle ressemble, son regard traduit toutes les émotions nécessaires à l’intensité du moment. Il est magnétique. Croirez-vous qu’on ne lui ait jamais fait ce compliment ? Là est pourtant où toute l’admiration qu’on lui porte réside.