Ateliers, panels de discussion, partages authentiques et sensibles des défis et des émotions vécus au quotidien ont permis de mettre en évidence et de reconnaitre que l’un des plus vieux métiers du monde ne doit pas être pris pour acquis, mais être mieux encadré et soutenu pour son évidente nécessité dans notre société vieillissante
Si l’on considère qu’en 2022, 25 % de la population est proche aidante d’un autre 25 % de la population en situation de vulnérabilité, ce sont deux millions de personnes qui assument à elles seules 85% des soins prodigués, et donc 50 % de la population qui expérimente la proche aidance et ses défis, sans oublier les personnes qui ont été proches aidantes et celles qui le deviendront.
Une responsabilité partagée, des expertises à valoriser
Définition et préparation au rôle de la « personne proche aidante », choc, stress, vulnérabilité, droits individuels et collectifs, instrumentalisation de leurs nombreux rôles, changement au sein de leur relation avec l’aidé.es, isolement, santé mentale, préjugés sociaux, deuils, recherche d’information et de connaissance, disponibilité de ressources adaptées à leurs réalités respectives, conciliation travail-aidance-famille, dépassement de soi, hiérarchisation de la proche aidance dans la société, importance de la fraternité, être fier de soi, prendre soin de soi… sont des sujets qui ont été abordés lors des discussions.
Réaliser les enjeux qui interpellent la qualité de vie des proches aidants et qui font écho aux besoins de soutien, réconcilier la population à la proche aidance et à la reconnaissance de ses réalités et de ses besoins sont essentiels, si l’on veut co-construire des solutions communautaires et de proximité dans le contexte de vieillissement accéléré de la population québécoise.
Comment offrir une place plus importante aux personnes aidées et aux proches aidants au sein de la société ?
En leur offrant notamment plus de services de répit (dont la possibilité de se prévaloir de jours complets), un accès plus rapide aux ressources et aux services conseils professionnels dans toutes les sphères, plus d’espaces et d’occasions pour partager leurs expériences, des moyens pour alléger leur pression de productivité au quotidien, la possibilité de participer à des groupes de soutien de façon récurrente, l’accès à des soins et des ressources pour réduire leur inquiétude, plus de soutien technique, psychologique et en santé mentale (pour les proches aidants et pour les personnes aidées), des services d’accompagnement sur le continuum et plus de communication en famille et en société pour jaser proche aidance.
Un des plus vieux métiers du monde
Est-ce naturel d’être proche aidant ? A-t-on le choix ? Les participants se sont entendus pour dire qu’ils aimeraient que le rôle de proche aidant soit mieux connu et reconnu et que des actions concrètes soient adoptées afin de rendre leur quotidien plus viable, allégé et heureux. C’est, entre autres, l’objectif de la nouvelle Charte de reconnaissance de l’expertise des personnes proches aidantes.
« Souvent du jour au lendemain, on vit pour l’autre. On doit développer de nombreuses compétences toutes aussi diverses que spécialisées. On devient préposé au bénéficiaire, infirmier, pharmacien, expert de la maladie, spécialiste des moyens de transport, gestionnaire financier… avec d’importantes conséquences financières et sans presque aucun répit », a témoigné une participante.
Se préparer en tant que société
« C’est toujours la même chose qui revient », mentionne chacune leur tour les deux organisatrices de ce colloque plus qu’utile et nécessaire, mesdames Julie Gravel de L’Antr’Aidant et Guylaine Charlot, directrice générale de la Maison Aloïs. Le manque d’écoute, les besoins autres que les essentiels mis de l’avant par les gouvernements, plus de bureaucratie que de mises en action concrètes utiles et reconnues, trop d’analyse, beaucoup de blabla et peu de confiance en ces gens directement concernés par le problème, se croire mieux outillés que les personnes sur le terrain, de modique somme d’argent, des gens dévoués pris pour acquis et non reconnus pour tout ce qu’ils offrent d’essentiel. »
Pourrions-nous rêver ensemble d’un modèle de société plus équitable et bienveillant, où les responsabilités et la prise en charge sont davantage partagées? La question s’est posée et se posera de nouveau au deuxième colloque auquel on songe déjà parce que désormais devenu un incontournable dans les Laurentides. Chaque pallier gouvernemental doit prendre les responsabilités qui lui reviennent. Ceci est une affaire de société sérieuse et il est grand temps d’agir!