Q. Votre second roman Ô Paradis dépeint les déboires du quotidien dans une résidence pour personnes âgées au travers d’une intrigue délirante. Vous y abordez la question de la vieillesse, de l’aide médicale à mourir, du pardon. Pourquoi avoir choisi ces thématiques?
R. Ma mère a vécu dans une résidence pour personnes âgées pendant plusieurs années. Atteinte d’Alzheimer elle avait besoin d’une prise en charge totale. J’ai donc passé beaucoup de temps auprès d’elle et j’ai pu observer la vie des résidents entre eux, mais aussi avec le personnel soignant. C’est un endroit particulier où il est question de déclin et de dépendance, mais dans lequel il y a aussi beaucoup de vie, beaucoup de rires.
Q. On sent dans votre livre que vous avez à cœur de parler des soignants qui travaillent auprès des ainés. Qu’est-ce qui vous a autant touché?
R. J’ai rencontré là-bas des gens qui font un travail remarquable. C’est même plus qu’un travail, c’est une vocation! Ils ont un rôle crucial, car ils établissent un lien de confiance avec les résidents qui sont parfois très seuls. Les soignants sont là pour leur tenir la main et les accompagner jusqu’au bout. Il y a un lien très fort qui se crée entre eux.
Q. Vous parlez de l’aide médicale à mourir, un sujet très actuel. Pourquoi est-ce important pour vous?
R. J’ai vu mes deux parents décliner jusqu’à devenir méconnaissables, je veux pouvoir choisir le moment où je partirai. Je ne veux pas perdre ma dignité. Je n’ai pas peur de mourir, j’ai peur de la vieillesse, de la maladie, de ne plus être capable de faire les choses par moi-même.
Q. Est-ce que l’écriture n’est pas finalement un moyen de déjouer la mort?
R. Oui, on s’achète sa place d’immortalité sur la planète en écrivant. Écrire c’est mettre en mot les émotions. Je voulais qu’il y ait une trace de moi après ma mort, une trace réelle. Et puis surtout je voulais laisser à mes petits-enfants un souvenir de moi tangible. Qu’ils puissent être fiers de leur grand-père. Ce sont eux qui m’ont poussé à écrire.
Q. Vous êtes donc arrivé à l’écriture tardivement, quel a été le déclic?
R. Oui! À l’approche de la retraite, j’avais l’angoisse de devenir inactif.
J’ai toujours voulu écrire, mais je ne pensais pas en être capable. Puis j’ai dépassé mes peurs et je suis passé à l’action. J’ai mis quatre ans pour écrire mon premier roman Justice et conséquences et deux pour écrire celui-ci. Je suis actuellement en train d’écrire le troisième. Ça demande beaucoup d’investissement et de persévérance, mais c’est une belle aventure!
Q. Un petit mot pour vos lecteurs?
R. J’ai été beaucoup touché par les personnes qui sont venues frapper chez moi pour me demander une dédicace, acheter un livre, ou simplement discuter. Ma porte est toujours ouverte!
Originaire de Ferme-Neuve dans les Hautes-Laurentides, l’auteur Réjean Millaire partage son temps entre la fiscalité et l’écriture. Sa famille, ses sorties publiques pour des séances de signatures et ses périodes de créativité occupent son temps. « Sauf pendant la période des déclarations de revenus, je vis maintenant au rythme d’un retraité dont la priorité est de vivre pleinement sa retraite, sans contraintes en laissant libre cours à la créativité », se plaît-il à répéter.
Pour joindre l’auteur, (819) 587-4710, rejean.millaire@lino.sympatico.ca ou via www.facebook.com/rejeanmillaireauteur