Créé et instauré après la découverte des reliques de saint Jacques le Majeur au début du 9e siècle en Galicie, au nord-ouest de l’Espagne, l’endroit devient à partir du 11e siècle un grand lieu de pèlerinage pour devenir au 15e siècle l’un des trois grands lieux de pèlerinage de la chrétienté, avec ceux de Jérusalem et de Rome.
Dès le Moyen Âge, les pèlerins affluent donc en grand nombre à Saint-Jacques-de-Compostelle. Ils portent la cape et la besace, l’outre en peau de chèvre et, sur leur chapeau, la coquille Saint-Jacques, un rappel de l’humble condition de l’apôtre Jacques, un pêcheur. La coquille, le symbole du Chemin de Compostelle, se retrouve partout…. en pierre sur les églises, en bronze sur les portes, gravée sur les stèles, brodée sur les étendards.
Les pèlerins d’aujourd’hui
Aujourd’hui, les pèlerins ou, dans un sens plus large, des marcheurs de tout acabit et quels que soient leurs motifs, qu’ils soient religieux, spirituels, culturels, sociaux, voire sportifs, depuis tous les coins de l’Europe et d’ailleurs, se retrouvent à travers champs sur un vieux chemin médiéval qui aboutit près du cap Finisterre au nord-ouest de l’Espagne, la fin du monde connue au Moyen Âge.
Ils sont quelques centaines de milliers à se taper annuellement le Chemin d’un refuge à un autre, chemin qui est devenu une sorte de symbole de la grande Europe en devenir. Les marcheurs, venus de tous les horizons, deviennent des amis de toujours au bout de quelques heures de marche. On marche droit devant comme dans le doute, on fait un retour sur soi et, paradoxalement, on vit une solitude partagée dans les pas de millions de destins qui nous ont précédés au fil des siècles. Mais quelle que soit la motivation au point de départ, la marche devient une forme de prière, de cheminement intérieur hors du temps et de l’espace, comme si le Chemin était hors des sentiers battus alors qu’il est arpenté depuis toujours. Le défi est plus que physique. Le voyage est avant tout personnel, intime, et va bien au-delà du chemin terrestre.
Faire le Chemin de plusieurs centaines de kilomètres, classé première route culturelle en Europe et inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, c’est à la fois se couper du monde et renouer avec soi-même. C’est à la fois rompre avec son quotidien et vivre le moment présent. C’est à la fois faire fi de son passé et se tourner vers un avenir incertain. Le chemin est long. Au bout du chemin, un des hauts lieux sacrés de la chrétienté depuis mille ans : Saint-Jacques-de-Compostelle.
Des lieux sacrés incontournables
La cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui demeure un point de repère, est un incontournable pour comprendre cette ville. Au sommet de la cathédrale trône la statue du saint représenté en pèlerin. Il porte le chapeau, la cape et le « bourdon », le grand bâton auquel est accrochée une gourde. Pour les pèlerins, toucher le pilier central de la cathédrale et assister à la messe sur le coup de midi constituent le clou du voyage.
Le centre historique de Saint-Jacques-de-Compostelle vaut le détour ne serait-ce parce que ses ruelles étroites, ses maisons d’une autre époque et ses nombreuses églises et auberges pour accueillir les pèlerins, nous nous aident à remonter le temps. On se perd facilement dans ses ruelles étroites, même si tous les chemins semblent mener à la cathédrale qui demeure un point de repère et un incontournable pour comprendre cette ville.
En soirée, des étudiants, vêtus de magnifiques costumes médiévaux, forment des groupes de musique traditionnelle (tunas), comme des ménestrels, des troubadours ou des mariachis venus du fond des âges, et nous font voyager dans le temps. Une façon pour ces jeunes de profiter de la générosité des pèlerins et de boucler les fins de mois.
Le Chemin est ouvert à tous, que vous soyez chrétiens ou non, hérétiques ou vagabonds. Alors qu’attendez-vous?