Comment avez-vous découvert la moto ?
Nous avions à l’époque un chalet familial dans le coin de Labelle, au nord de Mont-Tremblant, et un voisin avait une moto. Mon frère a chialé auprès de mon père pour en avoir une. Nous avons commencé avec une Honda 50, c’était en 1977.
À quel moment vous êtes-vous rendu compte de votre potentiel ?
Je suivais mon frère Marc sur les circuits. Il a été le premier à faire des compétitions d’enduro à l’âge légal, soit 16 ans. J’ai quatre ans de moins, j’ai donc dû attendre un peu. Quand j’avais 19 ans, je représentai déjà avec lui le Canada aux championnats du monde en France. Tout est arrivé très vite, car il n’y avait que trois niveaux : junior, intermédiaire et expert. Au bout de trois ans, nous étions déjà experts avec les plaques 1 et 3.
Comment a évolué votre carrière par la suite ?
À partir de 1988 j’ai participé à toutes les manches du championnat canadien, que j’ai remporté pour la première fois en 1991 [puis en 2000 et 2001].
Est-ce que le reste de votre famille vous suit ?
Oui. Mon amie fait de la moto en compétition et mon fils a débuté les courses à l’âge de cinq ans, en 2015. Nous roulons souvent ensemble pour le plaisir.
Quelle est votre discipline de prédilection ?
J’ai toujours été bon dans le sable, mais j’ai tout fait [rires]. J’ai commencé par l’enduro tout en pratiquant le motocross [circuit de bosses] pour progresser, et enchainé en France avec le populaire Supermotar [avec des petites roues et des pneus lisses]. Je me suis aligné en rallye et j’ai participé, pendant 18 jours, au Dakar en 2022 [classé 16e et premier amateur]. Une compétition qui m’a marqué à vie, avec un dépassement de soi physique et mental. Nous avions traversé le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, tout un dépaysement.
Avez-vous d’autres beaux souvenirs ?
Je me souviens avec émotion du dernier Supercross Montréal au Stade olympique en 2012. J’avais fini en enduro sur le podium [3e] et premier canadien, chez moi au Québec et devant près de 50 000 spectateurs.
Que faites-vous dans la vie de tous les jours ?
J’habite Saint-Hippolyte et je travaille quotidiennement avec des motos. Je suis importateur d’une marque française pour tout le Canada. Du coup le weekend je vais voir des courses […] et de fil en aiguille depuis 2019, j’ai repris les compétitions.
Les prochains rendez-vous ?
Il reste cinq courses au calendrier du championnat du Québec : La Tuque, Saint-Michel-Des-Saints [lac taureau], Limoges, Ste-Clothilde-De-Beauce puis Victoriaville.
La moto est un sport individuel, mais c’est aussi une famille…
C’est encore le cas aujourd’hui, il y a une bonne fraternité entre nous, cela est encore plus vrai ici car il n’y a pas beaucoup d’argent en jeu, comparativement à la France ou d’autres pays. C’est un milieu différent de tout et dans lequel tout le monde s’entraide.
Pourquoi ce sport n’est-il pas plus populaire au Québec ?
Le prix des motos est moins abordable, avec un nombre réduit de lieux pour rouler. J’ai habité dans ma jeunesse La Fontaine [Saint-Jérôme] avec mes parents. Nous partions directement de la maison à moto et nous prenions le premier sentier. Les villes grandissent tellement vite maintenant qu’il faut mettre les motos dans les camions, et trouver un terrain spécialisé pour pratiquer.
Heureusement, pour les jeunes qui veulent débuter, plusieurs endroits permettent de louer une moto pour essayer, un réel atout.
Information sur la moto hors route ou de sentiers au Québec :