Par Etienne Godin

Des Laurentides à l’Everest: les hauts sommets de Theodore Fairhurst

Qu'ont en commun les monts Aconcagua, Denali, Everest, Elbrouz, Kilimandjaro, Vinson et la pyramide Carstensz? Ce sont les plus hauts sommets de chacun des sept continents... et ils ont tous été gravis par Theodore Fairhurst, un résident de Lac-des-Seize-Îles pour qui l'âge n'est pas un obstacle, mais plutôt une source de motivation.
Sommet de l'Everest, mai 2010

« Lorsque j’ai eu 70 ans, je me suis lancé le défi d’escalader les plus hauts volcans sur chaque continent, ce que j’ai réussi en décembre 2018, soit deux ans plus tard », lance d’emblée M. Fairhurst, le regard scintillant.

Il faut dire qu’en 2014, il avait déjà réalisé l’exploit peu commun de gravir la plus haute montagne de ces mêmes sept continents. À l’âge vénérable de 70 ans, celui qu’on surnomme Ted aurait bien pu décider d’accrocher ses bottes d’alpiniste, mais non. « Par conséquent, je suis la plus vieille personne au monde à avoir accompli ces deux défis d’alpinisme, et la neuvième au total à y être parvenu », explique-t-il.

Le parcours de Theodore Fairhurst est aussi fascinant qu’inusité. Ce citoyen du monde originaire de Montréal, qui est à la fois artiste-peintre, auteur, conférencier, spécialiste de l’immobilier, grand voyageur dans l’âme, philosophe à ses heures, et bien entendu alpiniste, résume son remarquable cheminement avec une humilité désarmante. « Qu’il soit question de mon amour pour l’art et la peinture durant ma jeunesse, de mes voyages autour du monde dans la vingtaine, de l’entreprise que j’ai bâtie dans la trentaine et la quarantaine, ou de l’athlète que je suis devenu dans la cinquantaine et la soixantaine, je n’avais pas d’aptitudes exceptionnelles pour accomplir ces choses, à l’exception peut-être de mon talent pour l’art. »

La naissance d’une passion

C’est en 1969 que M. Fairhurst a eu la piqûre pour l’alpinisme. En voyage à Katmandou, au Népal, il a rencontré dans une auberge de jeunesse, le temps d’une soirée, un grimpeur néozélandais. « Il m’a raconté qu’il revenait d’une expédition de quatre semaines pour atteindre la base de l’Everest, et un déclic s’est produit en moi. Je me suis dit que je devais essayer ça, même si je n’avais aucune expérience. Le lendemain, il était parti, mais la flamme venait d’être allumée en moi », se remémore-t-il, le sourire aux lèvres. Peu après, il s’est procuré un équipement d’alpiniste usagé, et il est parvenu à se rendre au pied du mont Everest en 32 jours. « C’est à ce moment que l’alpinisme s’est taillé une place dans ma vie. »

Camp de base de l’Everest

Les aléas du quotidien ont toutefois éloigné M. Fairhurst de sa passion jusqu’à ce qu’en 1999, un ami allemand l’invite à faire de la randonnée dans les Dolomites, un massif montagneux des alpes italiennes. Puis, en 2003, il a fait la connaissance de Gilles Barbot du groupe Esprit de Corps, et il s’est mis à s’entraîner régulièrement pour se forger un véritable physique d’alpiniste. « J’étais le plus vieux du groupe, et je devais m’entraîner plus fort que tous les autres pour garder le rythme », souligne-t-il.

Sagesse et expérience

Quel est le secret pour devenir un athlète alors qu’on a atteint la mi-cinquantaine, un âge auquel la gloire se trouve généralement loin derrière pour la plupart des sportifs ? « Dans le sport, l’expérience est un facteur important, affirme-t-il. « En vieillissant, ça devient plus difficile de prendre de la masse musculaire. Ça exige plus d’efforts. Cependant, avec l’âge, on acquiert davantage de connaissances et un peu plus de sagesse, d’expérience. Il en résulte que vous n’êtes peut-être pas aussi fort que vous l’étiez dans la vingtaine, mais vous compensez par vos connaissances, qui vous permettent d’économiser de l’énergie. Vous en venez à connaître votre propre rythme suffisamment pour suivre le vôtre, et non pas celui des autres. »

Toujours aussi actif, bien qu’il soit maintenant âgé de 75 ans et semi-retraité, Theodore Fairhurst passe la majeure partie de la saison estivale à son chalet du Lac-des-Seize-Îles, où il possède sa propre petite île privée. Quelles sont ses activités de prédilection pour profiter de la nature? « J’adore aller marcher en montagne seul les samedis, et faire du vélo. Je peux m’aventurer dans toutes les conditions météorologiques. La température ne me dérange pas, ça n’a aucune importance pour moi. Les journées d’intempéries sont mes préférées, car plus les conditions sont difficiles, plus c’est excitant et plus ça représente un défi. »

« Rien ne nous vient facilement dans la vie, mais c’est la beauté de la chose. On retire de la vie ce qu’on est prêt à y investir », conclut-il sagement en esquissant un sourire juvénile.

Les plus hauts sommets de chaque continent et les dates auxquelles Theodore Fairhurst les a atteints:

Mont Aconcagua, Argentine, Amérique du Sud, 6962 mètres, 23 janvier 2006

Mont Denali, Alaska, Amérique du Nord, 6194 mètres, 29 mai 2007

Mont Vinson, Antarctique, 4892 mètres, 19 janvier 2009

Mont Everest, Népal (Himalaya), Asie, 8848 mètres, 23 mai 2010

Mont Kilimandjaro, Tanzanie, Afrique, 5895 mètres, 25 janvier 2012 et 9 juin 2017

Mont Elbrouz, Russie, Europe, 5642 mètres, 8 août 2012 et 2 juin 2017

Pyramide Carstensz, Indonésie, Océanie, 4884 mètres, 19 mars 2014

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